Différence entre rendement et rentabilité : l’erreur à ne pas faire

Quand on parle d’investissement, votre objectif est clair : faire fructifier votre argent avec les meilleurs placements. Pour suivre l’atteinte de ce but, mesurer correctement la performance de ses placements est essentiel.

De plus, avant même de choisir vos actifs, vous devez définir un objectif de gain. Pour cela, vous avez besoin d’un instrument de mesure fiable.

Toutefois, beaucoup confondent deux notions clés de performance, le rendement et la rentabilité, en pensant qu’elles veulent dire la même chose.

C’est une erreur fréquente, mais aux conséquences bien réelles sur vos décisions d’investissement.

Icône Loupe Dans cet article, on clarifie ces deux concepts pour vous aider à faire la différence entre rendement et rentabilité, éviter les pièges, et sélectionner vos placements avec une vraie logique économique.

Qu’est-ce qu’un rendement ?

En finance, le rendement mesure la capacité d’un actif à générer un revenu par rapport à son prix d’acquisition.

On parle aussi de taux de rendement pour exprimer ce rapport sous forme de pourcentage. C’est un indicateur essentiel lorsqu’on cherche à évaluer la performance immédiate ou récurrente d’un placement.

La formule est la suivante :

Taux de rendement = (Revenus générés / Montant investi) × 100

Cela permet d’évaluer, en proportion, combien l’investissement rapporte par an (ou par période donnée), sans tenir compte des charges, impôts ou autres frais.

Icône Exemple Exemple :

Vous achetez un bien immobilier locatif à 300 000 €. Ce bien est loué 1 250 € par mois.
• Revenus annuels : 1 250 € × 12 = 15 000 €
• Taux de rendement annuel brut = (15 000 / 300 000) × 100 = 5 %
Ce rendement brut vous donne une première idée de la performance du bien. Il faudra ensuite tenir compte des frais, charges, vacance locative, fiscalité, etc., pour obtenir le rendement net.

Quels actifs offrent un fort rendement ?

Le rendement varie en fonction du type d’actif, de la conjoncture économique, mais aussi du niveau de risque associé.

Voici un panorama des rendements selon les grandes familles d’actifs :

Rendement faible mais sécurisé (2 % à 3,5 %)

Ces placements offrent peu de volatilité, mais génèrent des revenus modestes :

  • Livrets réglementés (Livret A, LDDS, Livret jeune ou LEP)
  • Fonds en euros (en assurance-vie)
  • Obligations « investment grade » (émises par des entreprises ou États bien notés)
  • Actions de grandes entreprises versant de petits dividendes stables

Rendement moyen à élevé (4 % à 6 %)

À ce niveau, le risque augmente légèrement, mais les revenus peuvent être significativement plus intéressants :

  • SCPI (Pierre papier)
  • Immobilier locatif dans les grandes métropoles (Paris, Lyon, Bordeaux…)
  • Actions à dividendes élevés : entreprises versant régulièrement une part importante de leurs bénéfices

Rendement élevé (+ de 6 %)

Ici, le potentiel de gains est attractif, mais le risque (vacance, impayés, volatilité des marchés) est plus marqué :

  • Immobilier locatif dans des villes moyennes ou petites (Mulhouse, Poitiers, Valenciennes…)
  • Sociétés à forts dividendes
  • Obligations high yield : obligations émises par des entreprises plus risquées, mais mieux rémunérées

Plus le rendement espéré est élevé, plus le niveau de risque augmente.
Dans le cas des dividendes, il est important de rappeler que leur versement n’est jamais garanti : il dépend chaque année de la décision de l’assemblée générale de l’entreprise. Une entreprise peut décider de réduire ou supprimer le dividende si sa situation financière se détériore ou si elle préfère réinvestir son résultat.

Qu’est-ce qu’une rentabilité ?

La rentabilité mesure la capacité d’un investissement à générer un gain global par rapport à l’argent investi. Contrairement au rendement, qui se limite aux revenus perçus (loyers, dividendes, intérêts), la rentabilité inclut également la plus-value, c’est-à-dire la hausse de valeur de l’actif au moment de la revente.

C’est donc un indicateur plus complet que le rendement. Il permet de mieux évaluer si un investissement en vaut la peine, en tenant compte de tous les bénéfices réalisés.

La formule est la suivante :

Taux de rentabilité = (Revenus + Plus-value) / Montant investi × 100

Icône Exemple Exemple :

Vous investissez 100 000 € dans un portefeuille diversifié d’ETF (CAC 40, Nasdaq, S&P 500, MSCI World).
Sur un an :
• Vous percevez 2 000 € de dividendes (2 %),
• Vos ETF prennent 5 000 € de valeur (5 % de plus-value).
Vous décidez de vendre en fin d’année.

Rentabilité : (2 000 € + 5 000 €) / 100 000 € = 7 %
Si l’investissement avait duré plusieurs années, on pourrait convertir cette rentabilité en taux annualisé.

Quels actifs offrent une forte rentabilité ?

Voici les grandes catégories d’actifs, classées par niveau de rentabilité potentielle :

  • Rentabilité faible mais sécurisée (2 % à 3,5 %) :
    Livrets réglementés, fonds en euros, obligations investment grade, actions à faible dividende.
  • Rentabilité moyenne à élevée (4 % à 6 %) :
    Immobilier dans les grandes villes (Paris, Lyon), actions à dividende élevé.
  • Rentabilité élevée (+ de 6 %) :
    Immobilier dans les villes moyennes (Mulhouse, Poitiers, Valenciennes), actions de croissance, ETF, private equity, cryptomonnaies…
Tableau rendement risque des actifs

💡 Certains actifs n’offrent aucun revenu régulier (pas de rendement) mais peuvent être hautement rentables grâce à la plus-value : c’est souvent le cas des actions, ETF, startups non cotées ou cryptoactifs.

Rendement et rentabilité (nette ou brute)

Vous avez compris la distinction entre rendement et rentabilité brute.
Mais est-ce suffisant pour juger de la pertinence d’un investissement ? Ou pour évaluer vos gains réels ?
Non. Et voici pourquoi.

Le rendement ou la rentabilité brute ne tient pas compte des deux éléments essentiels qui grignotent vos gains :

  • Les frais (de gestion, de transaction, d’entrée ou de sortie)
  • La fiscalité (impôt sur le revenu progressif, prélèvements sociaux, PFU, etc.)

Pour une vision plus juste de la performance d’un investissement, il faut passer au net, c’est-à-dire le gain réel une fois toutes les charges déduites.

Icône Exemple Exemple :

Vous investissez 100 000 € dans un portefeuille d’actions via un compte-titres.
En fin d’année, pas de dividendes perçus, mais les actions ont pris 10 000 € de valeur = +10 % de plus-value.
Vous décidez de vendre. La fiscalité applicable est le PFU de 30 % sur la plus-value.
• 10 000 € × 30 % = 3 000 € d’impôt
• Gain net : 10 000 € – 3 000 € = 7 000 €
Votre rentabilité nette est donc 7 %, alors que votre rentabilité brute est de 10 %.

La même logique peut s’appliquer pour le rendement net.
Prenons le cas d’un bien immobilier locatif.
Sur le papier, un loyer de 1 000 € / mois sur un bien à 200 000 € semble offrir 6 % brut.
Mais après déduction des frais de gestion, de la taxe foncière, des travaux éventuels, de l’assurance, et surtout d’une fiscalité pouvant atteindre 62,2 % en régime foncier classique, le rendement net peut tomber à 2,5 %, voire moins.

Pourquoi est-ce fondamental de raisonner en net ?

Comprendre ce que vous gagnez réellement vous permet :

Ne tombez pas dans le piège d’un rendement ou d’une rentabilité élevée sur le papier si les frais et l’impôt viennent tout absorber.

En effet, ce qui compte, ce n’est pas ce que vous gagnez mais ce que vous gardez.

Ce qu’il faut retenir

  • Le rendement mesure les revenus réguliers (loyers, dividendes) par rapport à l’investissement, en pourcentage.
  • La rentabilité inclut revenus et plus-value, divisés par l’investissement, en pourcentage.
  • Le brut ignore frais et impôts ; le net reflète le gain réel après déduction.
  • Un rendement ou une rentabilité élevée implique souvent un risque plus important.
  • Raisonner en net aide à optimiser ses choix via des enveloppes comme PEA, assurance-vie ou location meublée.

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À propos de l’auteur
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Fondateur de Gère ton patrimoine

Expert en gestion et ingénierie du patrimoine

Avec plus de dix ans d’expérience en gestion de patrimoine, je partage mes connaissances pour aider les Français à faire les meilleurs choix patrimoniaux.
Diplômé des universités Paris-Dauphine, Paris I-Sorbonne et Clermont-Ferrand, j’allie expertise académique et expérience de terrain pour proposer des articles accessibles à tous.

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