Pour investir efficacement, il ne suffit pas de placer son argent : il faut diversifier intelligemment ses investissements. Une bonne répartition de votre patrimoine permet de répartir les risques tout en optimisant la rentabilité globale de votre épargne.
Selon votre profil d’investisseur et votre horizon d’investissement (court, moyen ou long terme), certains placements seront plus adaptés que d’autres.
Dans cet article, découvrez les 5 étapes pour diversifier votre épargne et construire une stratégie d’investissement solide et équilibrée.
1ʳᵉ étape : pourquoi diversifier son patrimoine ?
La première étape pour bien investir consiste à comprendre pourquoi la diversification est indispensable. En matière d’épargne, mieux vaut éviter de « mettre tous ses œufs dans le même panier ».
Diversifier via les actifs et enveloppes
La diversification peut se faire à différents niveaux :
- Par type d’actif : actions, obligations, immobilier, monétaire…
- Par enveloppe : assurance-vie, PEA, PER ou encore contrat de capitalisation…
- Au sein d’un même actif : par exemple, en choisissant plusieurs ETF exposés à des zones géographiques ou secteurs variés, ou encore des SCPI investies dans différents types d’immobilier (bureaux, commerces, résidentiel).
Réduire les risques en cas de crise
Les marchés financiers évoluent de manière cyclique et les différents actifs ne réagissent pas tous de la même façon aux crises.
Par exemple, les actions peuvent chuter lors d’un ralentissement économique, tandis que les obligations d’État peuvent, elles, mieux résister, voire s’apprécier. En répartissant vos investissements entre plusieurs classes d’actifs, vous limitez l’impact d’une baisse généralisée et lissez les performances de votre portefeuille.
Adapter son portefeuille à ses projets
Chaque actif a ses propres caractéristiques : liquidité, rendement, niveau de risque et horizon d’investissement.
Vos placements doivent être alignés avec vos objectifs financiers :
- financement d’un projet à court terme,
- somme importante à investir,
- volonté de constitution d’un capital sur le long terme
- ou génération de revenus complémentaires.
Exemple :
Un jeune investisseur disposant de 30 000 € d’épargne, percevant environ 2 500 € de revenus mensuels et prévoyant d’utiliser cette somme comme apport pour l’achat d’une résidence principale, ne pourra pas se positionner majoritairement sur les marchés boursiers.
Il privilégiera plutôt des placements de court terme, comme les livrets réglementés ou les fonds en euros au sein d’une assurance-vie, afin de préserver son capital.
À l’inverse, un investisseur disposant de 70 000 € d’épargne, capable de mettre de côté 500 € par mois et sans projet d’achat important à court terme, pourra s’orienter davantage sur des placements à long terme, tels que la bourse ou l’immobilier, pour une meilleure performance dans la durée.
Ainsi, il n’existe pas de modèle universel de diversification : chaque portefeuille doit être adapté à la situation personnelle, aux projets de vie et à la tolérance au risque de son titulaire. La diversification doit évoluer au fil du temps, en fonction de vos objectifs et de votre âge.
Un équilibre entre risque et performance
Les études en finance montrent qu’un portefeuille diversifié permet d’obtenir un meilleur couple rendement/risque qu’un investissement concentré sur un seul actif.
💡Bon à savoir
La diversification n’est pas qu’une règle de prudence : c’est un principe scientifique validé depuis plus de 70 ans.
En 1952, l’économiste Harry Markowitz pose les bases de la théorie moderne du portefeuille. Il démontre qu’en combinant plusieurs actifs dont les rendements ne varient pas de la même manière, on peut réduire le risque global sans sacrifier la performance espérée. C’est ce qu’on appelle le couple rendement/risque optimal. Quelques années plus tard, William Sharpe (1964) approfondit cette idée avec le Modèle d’Évaluation des Actifs Financiers (MEDAF). Il prouve que seul le risque de marché est rémunéré, tandis que le risque propre à chaque actif peut être éliminé grâce à une bonne diversification.
Des travaux ultérieurs, notamment ceux de Fama & French (1992) et Merton (1973), ont confirmé que les portefeuilles diversifiés sont plus stables dans le temps et offrent une meilleure rentabilité ajustée au risque.
En définitive, diversifier ses placements, c’est mathématiquement lisser les fluctuations, limiter les pertes en période de crise et optimiser les gains à long terme.

Comme le montre ce graphique, chaque actif possède son propre profil de risque et de gain. Les livrets offrent une sécurité maximale mais des rendements faibles, tandis que les cryptomonnaies ou le private equity présentent des gains potentiellement élevés, au prix d’un risque important de perte en capital. Entre ces extrêmes, on trouve des placements plus équilibrés, tels que l’immobilier (SCPI) ou les actions.
Plus le risque pris est élevé, plus l’horizon d’investissement doit être long pour espérer des gains significatifs.
Diversifier pour accroître la protection offerte par l’État
Au-delà de la performance et de la gestion du risque, la diversification permet aussi de mieux protéger son épargne grâce aux garanties légales mises en place par l’État.
En France, le Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution (FGDR) intervient pour sécuriser une partie des avoirs des épargnants en cas de défaillance d’un établissement financier :
- 100 000 € par personne et par établissement pour les dépôts bancaires (comptes courants, livrets bancaires, PEL, CEL, etc.) ;
- 70 000 € pour les titres financiers (actions, obligations, OPCVM) si l’établissement n’est plus en mesure de restituer les titres ;
- 500 000 € supplémentaires pour des dépôts exceptionnels (ex. : vente immobilière, succession, indemnité).
L’assurance-vie bénéficie quant à elle d’une garantie de 70 000 € par assureur via le FGAP (Fonds de Garantie des Assurances de Personnes), et de 90 000 € pour les rentes viagères.
Ainsi, ouvrir plusieurs contrats d’assurance-vie auprès de compagnies différentes ou répartir ses avoirs entre plusieurs établissements permet de multiplier ces garanties et donc de mieux sécuriser son patrimoine.
2ᵉ étape : sécuriser son épargne
Avant de placer votre argent sur des investissements plus risqués, il est crucial de disposer d’une épargne de précaution pour faire face aux imprévus et éviter de puiser dans vos placements à long terme. Pour cela, il est nécessaire d’adopter une véritable discipline d’épargne.
Constituer une réserve de précaution
Vous pouvez constituer une réserve équivalente à 3 à 6 mois de vos dépenses courantes. Cette indication n’est pas stricte, mais elle permet de comprendre qu’il n’est généralement pas nécessaire de remplir vos livrets jusqu’au plafond. Toutefois, pour un projet important à court terme, il peut être judicieux d’augmenter temporairement le montant alloué aux investissements sécurisés, au-delà de la réserve habituelle de 3 à 6 mois.
Ces fonds de précaution offrent une disponibilité immédiate pour couvrir vos besoins en cas d’imprévu mais ne permettent pas de gagner de l’argent.
Choisir des placements sécurisés
En matière de placements sécurisés, il est recommandé d’éviter certains produits comme le PEL, le CAT ou le CEL, dont les intérêts sont fiscalisés, contrairement aux livrets.
Les livrets réglementés offrent une sécurité totale et une liquidité immédiate, mais leurs rendements restent faibles.
Liste des livrets réglementés :
- Livret A : plafond de 22 950 €
- Livret Jeune : plafond de 1 600 €
- LDDS (Livret de Développement Durable et Solidaire) : plafond de 12 000 €
- LEP (Livret d’Épargne Populaire) : plafond de 10 000 €, réservé aux revenus modestes
Les plafonds mentionnés concernent uniquement les versements et non les intérêts générés. Par conséquent, le solde de vos livrets peut dépasser ces montants grâce aux gains accumulés.
L’intérêt de l’assurance-vie
Il est également recommandé d’ouvrir un contrat d’assurance-vie, même avec un faible montant initial (par exemple 500 €) pour prendre date. Les sommes peuvent être placées sur un fonds en euros, un support garanti par l’État. Le fonds en euros offre un rendement généralement un peu supérieur à celui des livrets réglementés, tout en conservant le capital garanti.
Les livrets n’enrichissent pas

Comme le montre ce graphique, en comparant le rendement historique du Livret A aux taux d’inflation, on constate que ce placement peine parfois à préserver le pouvoir d’achat. Se limiter aux placements sécurisés ne permet pas de faire croître efficacement son capital, alors qu’il existe des solutions d’investissement à long terme offrant un équilibre entre risque et gains.
3ᵉ étape : placer son épargne en bourse et en immobilier
Une fois votre épargne de court terme sécurisée, vous pouvez envisager d’investir à long terme en bourse et en immobilier. Ces deux classes d’actifs permettent de dynamiser votre capital tout en diversifiant votre portefeuille.
Investir en bourse
Historiquement, la bourse reste le placement offrant la meilleure rentabilité sur le long terme, que ce soit sur les 15 ou 40 dernières années (étude IEIF). Investir en actions est donc indispensable pour espérer faire croître son capital.
Pour simplifier votre investissement, vous pouvez investir dans des ETF (Exchange-Traded Funds), des fonds indiciels cotés qui répliquent des indices boursiers. Ils offrent une diversification immédiate, intègrent plusieurs entreprises et présentent des frais très faibles.
De nombreuses études montrent que ces fonds surpassent en général 80 à 90 % des fonds gérés activement par des professionels (alors qu’ils sont plus chargés en frais).Le stock picking (sélection d’actions individuelles) reste possible pour les passionnés, mais il est souvent plus risqué et moins rentable sur le long terme.
N’oubliez pas que la diversification est essentielle en bourse : ne vous limitez pas à un seul secteur. Par exemple, combiner un ETF Nasdaq 100 et S&P 500 peut vous exposer fortement aux technologies, ajouter un ETF sectoriel permettrait d’équilibrer le portefeuille.
Pour investir des fonds en bourse, il existe deux grandes approches :
- Le DCA (Dollar-Cost Averaging), qui consiste à investir à intervalles réguliers (mensuels, trimestriels, etc.). Cette méthode, idéale pour les débutants, permet de lisser le prix d’entrée et de réduire l’impact des fluctuations de marché.
- Le lump sum, qui consiste à investir un capital important en une seule fois. Certains investisseurs choisissent une forme intermédiaire, en fractionnant l’investissement sur quelques mois afin de limiter le risque lié au timing d’entrée. Cette approche convient plutôt aux investisseurs expérimentés ou à ceux qui souhaitent éviter de laisser leur capital inactif trop longtemps.
Une fois que vous avez selectionné une méthode d’entrée en bourse, il convient de déterminer l’enveloppe idéale pour acquérir vos actifs.
Investir en bourse peut se faire via assurance-vie, contrat de capitalisation, PER, PEA, PEE ou compte-titres ordinaire. Chaque enveloppe a sa fiscalité et ses avantages : l’assurance-vie et le PEA sont à privilégier car leur fiscalité est vraiment avantageuse, le PER est intéressant si vous êtes fortement imposé, et le PEE si vous pouvez en bénéficier via votre employeur.
Ne négligez pas l’importance des frais lorsque vous choisissez vos contrats, car ils impactent fortement vos gains sur le long terme. Privilégiez les contrats en ligne aux contrats bancaires traditionnels, souvent trop chers.
Enfin, investissez en bourse avec patience : les fluctuations à court terme sont normales. Tant que vous n’avez pas vendu, il s’agit de moins-values latentes, et non de pertes définitives.
Investir en immobilier
L’immobilier constitue un second pilier pour diversifier et dynamiser son épargne. Il n’est pas exposé aux mêmes risques que la bourse et peut générer des revenus réguliers ou un effet de levier important.
Options d’investissement :
- SCPI (Sociétés Civiles de Placement Immobilier) : permet d’investir dans l’immobilier sans gérer les biens directement. Accessible via assurance-vie pour profiter de sa fiscalité avantageuse ou en direct via crédit pour utiliser l’effet de levier. Les SCPI en assurance-vie sont généralement plus liquides.
- Immobilier locatif en direct ou via SCI : location meublée pour optimiser l’imposition, location nue avec déficit foncier pour réduire son impôt sur le revenu, SCI IS pour éviter l’imposition des revenus fonciers à l’impôt sur le revenu. La liquidité de l’actif acquis dépend du lieu et de la qualité du bien.
- SIIC (Sociétés d’Investissement Immobilier Cotées) : permet d’investir en immobilier via les marchés financiers, avec une liquidité équivalente à celle d’autres actions.
L’immobilier offre la possibilité, grâce à l’emprunt bancaire, d’investir avec un faible apport tout en générant des gains potentiellement importants grâce à l’effet de levier. Toutefois, gérer un bien en direct peut être chronophage (travaux, gestion des locataires, visites…), ce qui explique l’intérêt grandissant des SCPI.
Faut-il investir en bourse ou en immobilier ?
Les deux actifs sont importants pour constituer un portefeuille équilibré sur le long terme.
La répartition immobilier/bourse dépend de votre profil de risque et de votre horizon d’investissement. Un profil plus risqué et orienté long terme pourra privilégier la bourse, tandis qu’un profil plus prudent ou avec un besoin de revenus réguliers pourra augmenter la part immobilière.
💡Bon à savoir
Votre expérience professionnelle peut influencer vos choix d’investissement. Par exemple, un artisan du bâtiment pourrait avoir un avantage pour réussir en immobilier et pourrait légitimement augmenter son exposition à cet actif.
Cependant, même avec une expertise, il est important de ne pas se surexposer et de conserver une diversification suffisante pour limiter les risques.
4ᵉ étape : investir dans des placements alternatifs
Une fois votre épargne sécurisée et vos investissements en bourse et en immobilier réalisés, vous pouvez vous tourner vers les placements alternatifs.
Ces placements sont souvent choisis en fonction de vos passions, de votre expertise ou d’une conviction dans des projets de l’économie réelle. Ils peuvent offrir des rentabilités attractives, mais nécessitent généralement un horizon long terme et un blocage du capital. Il est conseillé de réserver 5 à 10 % maximum de votre patrimoine pour ces investissements.
Parmi les options possibles sans être exhaustif :
- Or, vin (grands crus), montres de luxe, art, forêts
- Voitures de collection
- Cryptomonnaies
- Crowdfunding immobilier ou entreprises, private equity
⚠️ Attention aux placements trop atypiques ou spéculatifs : trading en options binaires, Forex. Selon l’AMF, 90 % des investisseurs particuliers perdent de l’argent sur ces marchés.
Exemple d’un investisseur qui diversifie ses placements
Exemple :
Prenons le cas d’un investisseur de 30 ans, marié sous le régime de la communauté, propriétaire de sa résidence principale.
Le couple perçoit 5 000 € de revenus nets par mois (2 500 € chacun) et dépense environ 4 000 € mensuels. Cela leur laisse une capacité d’épargne d’environ 500 € par mois par personne.
Au départ, l’investisseur dispose de 3 000 € sur ses livrets à son nom. Son premier objectif est de renforcer sa sécurité financière en portant cette épargne à 12 000 € (livret A + LDDS), soit l’équivalent de trois mois de dépenses du foyer.
Avec 500 € épargnés chaque mois, il atteindra cet objectif en 18 mois environ. En parallèle, en découvrant l’importance de “prendre date” fiscalement, il ouvre un contrat d’assurance-vie et un PEA, chacun avec un versement initial de 500 €.
Il place ces montants en fonds en euros pour l’assurance-vie (placement sécurisé) et en ETF via le PEA (placement à long terme).
Ce petit effort rallonge sa période d’épargne à environ 20 mois.
20 mois plus tard, après avoir changé d’emploi, il perçoit un capital de 15 000 € issu du déblocage de son PEE.
Ses revenus augmentent également, lui permettant d’épargner dorénavant 700 € par mois.
Ayant sécurisé son épargne et posé les bases de son portefeuille, il décide de diversifier davantage son argent :
• il ouvre un second contrat d’assurance-vie auprès d’une autre compagnie pour multiplier la garantie de 70 000 € du FGAP ;
• il investit progressivement ses 15 000 € sur son PEA, en plusieurs fois (stratégie de lissage du prix d’entrée), sur des ETF diversifiés en veillant à ne pas être surexposé aux valeurs technologiques ;
• chaque mois, il investit 350 € en assurance-vie (fonds €, ETF, SCPI) et 350 € sur son PEA (ETF et SIIC).
Sans projet immobilier à court terme et avec un horizon d’investissement long, il maintient cette stratégie d’épargne dans la durée.
Son patrimoine croît ainsi régulièrement grâce à la diversification, à la discipline d’épargne et à la puissance des intérêts composés, sans qu’il ait besoin d’effectuer de rachats fiscalisés.
Ce qu’il faut retenir
- Comprendre l’importance de la diversification
- Répartir ses investissements réduit les risques et optimise la rentabilité.
- Adapter son portefeuille à ses objectifs (court, moyen, long terme) et à sa tolérance au risque.
- La diversification repose sur des bases mathématiques (théorie de Markowitz) pour un meilleur équilibre rendement/risque.
- Sécuriser son épargne
- Constituer une réserve de précaution (3 à 6 mois de dépenses).
- Privilégier les livrets réglementés (Livret A, LDDS, LEP) et le fonds en euros de l’assurance-vie pour une sécurité totale.
- Prendre date sur une assurance-vie et PEA pour bénéficier d’une fiscalité avantageuse à long terme.
- Investir en bourse et en immobilier
- Bourse : Opter pour des ETF pour une diversification simple et à faibles frais, via PEA ou assurance-vie. Utiliser le DCA éventuellement pour lisser le prix à l’entrée.
- Immobilier : Investir via SCPI ou immobilier locatif (effet de levier).
- Explorer les placements alternatifs
- Réserver 5 à 10 % du patrimoine à des actifs comme l’or, le vin, ou le crowdfunding, selon ses passions ou expertises.
- Éviter les placements spéculatifs à haut risque (ex. : Forex, options binaires).
- Adopter une discipline d’épargne
- Investir régulièrement, diversifier entre plusieurs établissements pour maximiser les garanties (FGDR, FGAP).
- Rester patient : les gains se construisent sur le long terme grâce aux intérêts composés.




